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Non sans humour, l'auteur évoque la nécessité d'accepter de vieillir très jeune. Et surtout de « mourir guéri » des souffrances de la vie, c'est-à-dire consolé et en paix avec ce que l'on a été.
 
Je le dis tout net, la vieillesse a des avantages considérables sur l'adolescence, la jeunesse et l'âge mûr. Ainsi, à mon avis, lorsque l'on a trente-cinq ans, le plus dur est derrière soi. Et, à plus forte raison, lorsque l'on en a soixante ou quatre-vingt.

On peut éprouver des souffrances physiques considérables à trente ans, et aussi et surtout des souffrances psychologiques et relationnelles intenses, d'abord avec ses parents, puis à l'intérieur du couple, puis avec les enfants-adolescents, et aussi avec les collègues, les concurrents, les supérieurs hiérarchiques. Contrairement à ce que l'on pense, quand on est jeune, on n'a pas « tout pour soi ». On peut être très malade et très malheureux. De plus, on subit un inconvénient supplémentaire : on n'a pas le droit d'être malheureux et surtout pas le droit de se plaindre.

En revanche, lorsqu'on est vieux, on a le droit non seulement d'être plaint mais aussi d'être à plaindre. On n'a plus besoin de « porter beau ». On n'a plus besoin de « faire semblant » ni de jouer un rôle. Alors que les jeunes ont presque le devoir d'être ambitieux et de réussir, les vieux peuvent, enfin, être sans prétentions et sans ambition. On a enfin le droit d'être ce que l'on est. La vieillesse autorise une certaine liberté.

Cicéron disait : « Seuls les sots se lamentent de vieillir. » Victor Hugo, toujours jeune et vieillard heureux, disait : « L'avantage de la vieillesse, c'est d'avoir, outre son âge, tous les âges. » C'est vrai que l'on peut trouver un certain plaisir, en étant vieux, à retrouver la situation de dépendance qui était celle de l'enfance. Il y a dans la vieillesse une forme de régression qui peut être vécue avec une certaine jouissance.

Mon père, à qui j'avais demandé : « Vieillir, est-ce difficile ? », m'avait répondu : « Non, on devient indifférent. » De fait, cette perte d'énergie et de désir n'a pas que des inconvénients. Certains l'appellent la sagesse.

Et pourtant, la vieillesse fait peur. En effet, vieillir, c'est supporter le poids des ans et apprendre à vivre avec. Cette vie diminuée, étriquée vaut-elle encore la peine d'être vécue ?

Oui, comment accepter de vieillir ? Je répondrai : en s'y prenant très tôt. De façon générale, il vaut mieux « faire son deuil » avant d'être effectivement en deuil. Ainsi, pour se préparer à perdre son père et sa mère, il faut s'y prendre bien avant leur mort et faire le deuil de leur mort à venir pendant qu'ils sont encore vivants. Et, me semble-t-il, c'est la même chose pour ce qui est du deuil de sa jeunesse. Il faut « travailler à vieillir » avant d'être vieux, c'est-à-dire dès l'âge de trente ou quarante ans. Il faut vivre en sachant que l'on vieillit et en l'assumant pleinement dans sa tête et dans son genre de vie.

Comme le lys des champs

Au lieu de vouloir tenter vainement de prolonger sa jeunesse après sa jeunesse (par le Viagra, les cosmétiques et la chirurgie esthétique), il vaut mieux se tourner vers l'avenir et se dire : « Aujourd'hui, ce n'est pas le dernier jour de ma jeunesse, mais bien plutôt le premier jour de la vie qui me reste ! » Cette formule n'a rien de morose, bien au contraire. Aujourd'hui, je commence la vie qu'il m'est donné de vivre.

Dès aujourd'hui, je commence enfin ma vie et je vais enfin décider de la vivre vraiment, en rattrapant le temps perdu et en profitant pleinement du temps à venir. Je vais, enfin, choisir la vie et ce qui fait vivre (Deutéronome 31,19) : les goûts simples, les vrais plaisirs et les petits bonheurs. Et j'ai encore largement assez de temps et de force pour cela.

Se sentir inutile

A mon avis, vieillir, ce n'est pas se préparer à mourir. C'est d'abord profiter de la vie qu'il nous reste à vivre, et ce d'autant plus intensément que l'on sait que l'on va mourir. Comme le dit Gide : « C'est une constante pensée de la mort qui donne du prix au plus petit instant de la vie. »

J'ajoute ceci. Chez les personnes âgées, le sentiment d'inutilité est sans doute plus important et plus intense que l'impression d'ennui. En tout cas, il est plus fréquemment exprimé. A ce sujet, je voudrais dire ceci aux représentants du troisième âge : si vous vous sentez inutiles, n'ayez crainte, les lys des champs le sont aussi, ainsi que les oiseaux du ciel, et bien des nocifs coûtent plus cher à la société que vous. Dans la vie, tout est inutile : la réussite, la vertu et même le bonheur. Et la vieillesse n'est pas plus inutile que le reste.

Mourir guéri

La vie est un cahier dont chaque jour tourne la feuille. Le matin, écrivez donc au bas de la page encore blanche ce petit mot : « Amen. » Et au-dessus de cette signature, laissez s'écrire les lignes de votre journée avec leurs pleins et leurs déliés, leurs plaintes et leurs sourires. Et votre consentement préalable ôtera à ce jour son poison d'amertume et d'inutilité.

Un point encore. Ce qui importe, à mon avis, c'est de « mourir guéri ».

« Mourir guéri », l'expression peut surprendre. Mais elle est parlante par sa forme paradoxale. Guéri de quoi ? Je répondrai : « Guéri de la vie », de ses souffrances et de ses blessures. Mourir guéri, c'est mourir réconcilié avec la vie et avec sa vie.

Dans la Bible (Proverbes 16,31), la vieillesse n'est pas considérée comme une punition, comme s'il fallait tôt ou tard « payer » les fautes et les excès que l'on a commis pendant sa vie. Bien au contraire, elle est considérée comme une récompense. Sans doute faudrait-il concevoir la vieillesse non comme la phase terminale d'une maladie, celle des souffrances de la vie, mais plutôt comme une forme de convalescence, afin de mourir guéri des épreuves que l'on a dû endurer pendant son existence.

Mourir guéri, c'est mourir « consolé » de sa vie et d'avoir vécu sa vie. Cette « consolation », l'Evangile de Luc (Lc 2,25-28) l'évoque à propos du vieillard Siméon. Celui-ci découvre qu'il ne mourra pas sans avoir connu la « consolation », c'est-à-dire avant d'avoir trouvé le Consolateur (le Messie).

Mourir guéri, c'est mourir en ne gardant de la vie que le parfum de bonté de quelques visages rencontrés. C'est mourir en ayant, bien longtemps avant sa mort, remisé à jamais le bâton des rancunes et des querelles. Pour pouvoir se préparer à une mort claire et limpide.

Oui, mourir guéri, c'est mourir en ayant fait la paix non seulement avec les autres et les misères qu'ils vous ont faites, mais aussi avec son passé, ses erreurs et ses propres fautes. C'est mourir en ayant fait la paix avec tout ce que l'on a fait d'inutile, avec tout le temps que l'on a perdu à des querelles de pacotilles, à des ambitions bien vaines et à des combats bien futiles.

Mourir guéri, c'est mourir en paix avec les autres et avec ce que l'on a été. Et c'est aussi découvrir ceci : tu as le droit d'avoir eu la vie que tu as eue, même si tu la trouves peu reluisante. Et tu as ce droit par grâce.

La vie est un cadeau. Tu as eu le droit de vivre de tout son long le fleuve de ta vie, même si tu ne sais pas pourquoi il t'a été donné de vivre.  Alain Houziaux

Un autre article d' Alain Houziaux  sur: 
http://rosedautomne7.forumactif.com/t2131-comment-accepter-de-vieillir 


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