Communauté chrétienne signifie : communauté en Jésus-Christ et par Jésus-Christ. Elle ne saurait être ni plus ni moins que cela. C'est vrai pour toutes les formes de communauté qui peuvent rassembler des croyants, de celle qui naît d'une simple brève rencontre, jusqu'à celle qui résulte d'une longue communion de tous les jours. Si nous pouvons être des frères c'est uniquement par Jésus-Christ et en Jésus-Christ.

Cela signifie que Jésus-Christ est la source du besoin que les chrétiens ont les uns des autres; ensuite, que Jésus-Christ seul rend possible leur communion; et enfin, que Jésus-Christ nous a choisis avant tous les siècles pour nous accueillir pendant le temps de notre vie et nous unir pour l'éternité….


Le chrétien est un homme qui ne cherche plus son salut, sa liberté et sa justice en lui-même, mais en Jésus-Christ seul. Il sait que la Parole de Dieu en Jésus-Christ le déclare coupable même s'il est incapable de sentir sa culpabilité, et que cette même Parole le déclare libre et juste même s'il ne se sent ni libre, ni juste. Comme tel, le croyants ne tire plus sa vie de lui-même, d'un acte d'accusation ou de justification qu'il trouverait en lui-même. Il vit de l'accusation et de la justification qui viennent de Dieu. Il vit totalement soumis à la Parole que Dieu prononce sur lui pour le déclarer coupable ou juste. La clé de sa vie ou de sa mort, il ne la cherche pas dans son cœur, mais dans une Parole qui lui est adressée de l'extérieur, par Dieu lui-même. C'est là le sens de l'affirmation des réformateurs : notre justice est une « justice étrangère », qui vient d'ailleurs. Par là, ils nous renvoient à la Parole que Dieu que lui-même nous adresse, forçant notre attention vers cette démarche qui nous sollicite de l'extérieur. Le chrétien vit entièrement de la vérité de la Parole de Dieu en Jésus-Christ….


Cette Parole Dieu l'a mise dans les bouches d'hommes. Et pourquoi ? Précisément pour qu'elle puisse atteindre les hommes  et se répandre parmi eux. Car celui qu'elle saisit ne peut que la redire à d'autres. Telle est la volonté de Dieu: nous sommes tenus de chercher et de trouver Sa Parole dans le témoignage du frère qu'Il met près de nous, en écoutant une parole humaine.

COMMUNAUTE

Le chrétien à donc absolument besoin des autres chrétiens; ce sont eux qui peuvent vraiment et toujours à nouveau lui ôter ses incertitudes et ses découragements. En voulant s'aider lui-même, il ne fait que s'égarer davantage. Il lui faut la présence du frère dont Dieu se sert pour lui porter et lui annoncer Sa Parole de salut. Il en a besoin à cause de Jésus-Christ

Le but de la communauté chrétienne apparaît ainsi clairement: elle nous permet de nous rencontrer pour nous apporter mutuellement la bonne nouvelle du salut. Voila ce que Dieu a en vue lorsqu'il nous rassemble. En un mot, cette communauté est l'œuvre de Jésus-Christ seul et de sa justice «étrangère». Et notre conclusion sera: la communauté des croyants est le fruit de la justification de l'homme par la seule grâce de Dieu, telle qu'elle est annoncée dans la Bible et prêchée par les réformateurs. C'est cette bonne nouvelle qui est à la source du besoin que les chrétiens ont les uns des autres…


Jésus-Christ seul rend possible cette communauté. Les hommes sont en état de guerre. Mais « Jésus-Christ est notre Paix » Ephésiens 2: 14. En Lui, l'humanité déchirée à retrouvé son  unité. Mais sans lui, c'est vraiment la guerre: guerre entre Dieu et les hommes, guerre des hommes entre eux. Le Christ est devenu le médiateur. C'est lui qui a fait la paix. Il nous a réconciliés avec Dieu et avec les hommes. Sans lui, nous ne pourrions ni connaître Dieu, ni l'invoquer, ni aller à lui. Mais sans lui, il nous serait tout aussi impossible de reconnaître les hommes comme nos frères et d'aller à eux.. Notre «moi» nous barre la route vers Dieu et vers nos frères. Mais cette route barrée, le Christ la ouverte, de sorte que les siens peuvent désormais vivre en paix, non seulement avec Dieu, mais aussi entre eux. Il leur a donné de s'aimer, de s'entraider, de devenir un seul corps. Mais encore une fois, cela n'est possible que par Jésus-Christ.. Lui seul crée notre union, lui seul constitue le lien qui nous lie ensemble. Il reste à jamais le seul médiateur qui nous rend à Dieu et à nos frères…


« Pour ce qui est de l'amour fraternel, vous n'avez pas besoin  qu'on vous en écrive; car vous avez vous-même appris de Dieu à vous aimez les uns les autres… Mais nous vous exhortons frères à abonder toujours plus dans cet amour. 1 Thessalonciens 4: 9.

C'est Dieu lui-même qui se charge de nous instruire dans l'amour fraternel; tout ce que nous pouvons faire, nous, consiste à renvoyer à cet enseignement qui ne vient pas de nous, et à exhorter à y persévérer.


En Jésus-Christ nous sommes élus et unis pour le temps de l'éternité. L'incarnation du Fils de Dieu signifie que, par pure grâce et selon le décret éternel du Dieu triunitaire, il a pris et accepté notre nature, notre être, dans sa réalité concrète et corporelle. Désormais nous sommes en Lui. C'est notre chair, c'est nous-mêmes qu'Il porte. Il nous prend avec Lui dans Son incarnation, sur la croix et dans Sa résurrection. Nous lui appartenons parce qu'Il nous a pris en Lui. C'est pourquoi l'écriture nous appelle Son corps. Mais si, avant même que nous puissions le savoir et le vouloir, nous avons été élus, et adoptés en Jésus-Christ avec l'Eglise entière, cette élection et cette adoption signifie que nous lui appartenons pour l'éternité, et que la communauté que nous formons sur la terre sera un jour une communauté éternelle auprès de Lui. En face d'un frère en la foi, nous devons donc savoir que notre destinée est d'être lié à lui en Jésus-Christ pour l'éternité. Nous le répétons : communauté chrétienne signifie communauté en Jésus-Christ et par Jésus-Christ. C'est sur cet axiome que repose tous les enseignements et toutes les règles de l'Ecriture touchant la vie communautaire des chrétiens.


Cette instruction Dieu l'a commencée à l'instant même où il nous est devenu miséricordieux, où Il nous a révélé Jésus-Christ comme notre frère et nous a gagné à son amour. Sa miséricorde nous a du même coup appris la miséricorde envers nos frères; son pardon, le pardon que nous leur devions. Nous sommes devenus redevables envers nos frères de ce que Dieu nous a fait à  nous-mêmes.


Recevoir, ici, signifie en même temps donner, et pouvoir donner d'autant plus qu'on a reçu davantage. Notre amour fraternel est à la mesure de la vie que nous recevons de la miséricorde et de l'amour de Dieu. Dieu nous a donc appris à nous rencontrer entre frères comme Il nous a rencontré lui-même en Christ. « Accueillez-vous donc les uns les autres comme Christ vous a accueillis » Romains 15: 7.


C'est en partant de là, qu'étant appelés par Dieu à vivre avec d'autres chrétiens, nous pouvons apprendre ce que signifie : avoir des frères. Paul appelle sa paroisse de Philippes « frères dans le Seigneur » Philippiens 1: 14. C'est par Jésus-Christ seul que nous sommes frères les uns des autres. Je suis le frère de mon prochain à cause de ce que Jésus-Christ à fait pour moi ; mon prochain est mon frère à cause de ce que Jésus-Christ à fait pour lui. C'est un fait d'une importance incalculable. Car, cela étant, mon frère, dans l'église, ce n'est pas tel brave pieux assoiffé de fraternité, mais bien l'homme que Jésus-Christ à sauvé, libéré de son péché et appelé, comme moi, à croire cette bonne nouvelle et à vivre éternellement. Ce qui est décisif ici, ce qui fonde vraiment notre communauté, ce n'est pas ce que nous pouvons être en nous-mêmes, avec toute notre vie intérieure et toute notre piété, mais ce que nous sommes par la puissance de Christ. Notre communauté chrétienne est constituée uniquement par l'acte rédempteur dont nous sommes l'objet, et cela n'est pas seulement vrai au début, en sorte qu'il pourrait encore s'y ajouter par la suite un nouvel élément, mais cela demeure vrai pour tout le temps qu'elle dure et pour toute l'éternité. Jésus-Christ seul crée la communauté qui s'établit ou s'établira un jour entre moi et un autre croyant. Et nous remarquerons que plus cette communauté se purifiera et s'approfondira, plus aussi, elle fera passer à l'arrière plan nos différences personnelles, pour ne plus laisser de place entre nous qu'à une seule réalité : Jésus-Christ et ce qu'Il a fait pour nous. C'est Lui seul qui nous donne l'un à l'autre, mais Il le fait réellement et totalement, ,pour le temps et pour l'éternité.


Nous devons désormais renoncer sans espoir à l'obscur sentiment qui, dans ce domaine, nous fait toujours désirer quelque chose de plus. Vouloir davantage que ce que le Christ à établi entre nous, ce n'est pas désirer une fraternité chrétienne, c'est s'en aller à la recherche de je ne sais quelles expériences communautaires inédites qu'on pense trouver dans l'église parce qu'on ne les a pas trouvé ailleurs, et c'est introduire dans la communauté chrétienne le trouble ferment de ses désirs. C'est ici que la fraternité des croyants court les plus graves dangers - et cela, la plupart du temps des les tout premiers jours : l'intoxication par l'intérieur, provoquée par la confusion entre fraternité chrétienne et un rêve de communauté pieuse, par le mélange de nostalgie communautaire que tout homme religieux porte en soi, avec la réalité d'ordre spirituel qu'implique la fraternité en Christ. Or, il est de toute importance, de prendre conscience dès le début que, tout d'abord, la fraternité chrétienne n'est pas un idéal humain, mais une réalité donnée par Dieu; et, ensuite, que cette réalité est d'ordre spirituelle et non pas d'ordre psychique...


Mais, c'est une grâce de Dieu que ce genre de rêves doivent sans cesse être brisés. Pour que Dieu puisse nous faire connaître la communauté chrétienne authentique, il faut même que nous soyons déçus, déçus par les autres, déçus par les chrétiens en général, ou, tout au moins, déçus par nous-mêmes. Dans Sa grâce, Dieu ne nous permet pas de vivre, ne serait-ce que quelques instants, dans l'église de nos rêves, dans cette atmosphère d'expériences bienfaisantes et d'exaltation pieuse qui nous enivre. Car Dieu n'est pas un Dieu d'émotions sentimentales, mais un Dieu de vérité. C'est pourquoi seule la communauté qui ne craint pas la déception qu'inévitablement elle éprouvera en prenant conscience de toutes ses tares, pourra commencer d'être tel que Dieu la veut et saisir par la foi la promesse qui lui est faite… Nous ressemblons à des gens qui pensent qu'ils vont pouvoir enfin fonder une vrai communauté chrétienne et qui exigent que chacun partage l'image qu'ils s'en font…


Il en va tout autrement quand nous avons compris que Dieu Lui-même à déjà posé le seul fondement sur lequel puisse s'édifier notre communauté et que, bien avant toute démarche de notre part, il nous avait liés en un seul corps à l'ensemble des croyants par Jésus-Christ; car alors, nous acceptons de nous joindre à eux, non plus avec nos exigences, mais avec des cœurs reconnaissants et prêts à recevoir. Nous remercions Dieu de Ses bienfaits. Nous le remercions de nous donner des frères qui, eux aussi, vivent de Son élection, de son pardon et sous Sa promesse.


Nous ne songeons plus à nous plaindre de ce qu'il nous refuse, et nous lui rendons grâces de ce qu'il nous donne chaque jour. Il nous donne des frères appelés à partager notre vie faillible et inquiète sous la bénédiction de Sa grâce. Que nous faut-il de plus ? Ne nous donne-t-il pas tous les jours, même aux plus difficiles, cette présence incomparable ?…


Nous devons remercier Dieu tous les jours pour la grâce qu'Il nous accorde en nous plaçant dans une communauté chrétienne., quelle qu'elle soit… Dieu ne nous donne pas son Eglise pour que nous mesurions continuellement sa température. Il nous la donne pour que nous l'en remercions chaque jour, et c'est  dans la mesure où nous saurons le faire qu'elle deviendra de jour en jour plus forte et plus nombreuse selon le bon plaisir de Son Seigneur.


La fraternité chrétienne n'est pas un idéal à réaliser, mais une réalité crée par Dieu en Christ, à laquelle il nous est permis d'avoir part. C'est dans la mesure où nous apprendrons à reconnaître que Jésus-Christ est vraiment le fondement, le moteur et la promesse de notre communauté dans son ensemble, que nous pourrons apprendre à penser à elle, à prier et à espérer pour elle avec sérénité...


Ce n'est pas l'expérience de la fraternité chrétienne qui nous maintient ensemble mais bien le fait que nous croyons fermement à cette fraternité. Dieu à exercé et veut exercer son action sur nous tous, voila ce que nous acceptons par la foi comme son plus grand cadeau. Voila ce qui nous rend heureux et voila ce qui nous permet de renoncer à toutes les expériences qu'il plait à Dieu de nous refuser.

« Voici, Oh, qu'il est doux pour des frères de demeurer ensemble, bien unis. » C'est ainsi que l'Ecriture Sainte célèbre la grâce de pouvoir vivre sous l'autorité de la Parole. Nous pouvons dire maintenant , en donnant une exégèse  plus exacte et plus concrète des mots « bien unis » : « qu'il est doux pour des frères de demeurer ensemble par Christ »; car Jésus-Christ seul est le lien qui nous unit. « Il est notre paix ». C'est par lui que nous avons accès les uns aux autres et que nous nous réjouissons ensemble dans la joie de la communauté retrouvée. Extraits du livre «De la vie communautaire» de Dietrich Bonhoeffer

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