Bonheur et bien-être : trouver enfin la recette.

Mais où se trouve le bonheur ? Dans les petites choses ? Dans la réussite ? Est-ce qu'avec Dieu on a une chance de l'atteindre ?...

Le bonheur est sans doute l'élément le plus convoité sur terre. « À quoi bon vivre deux fois mille ans si on ne goûte pas au bonheur ? » écrivait déjà l'Ecclésiaste, il y a 2500 ans (la Bible, livre de l'Ecclésiaste ch.6 v. 3-6). Si le bonheur est tant recherché, il faut bien admettre qu'il nous échappe trop souvent. Et lorsqu'il est là, il nous est souvent difficile de dire comment il nous est venu et comment le conserver.

Qu'est-ce que le bonheur pour vous ? Où le cherchez-vous ? Comment vous y prenez-vous pour être, devenir ou rester heureux ? Je vous propose quelques commentaires sur quatre « chemins vers le bonheur » qui nous sont souvent proposés.

Le bonheur provient-il de l'absence de malheur ?

L'absence de malheur est le chemin vers le bonheur le plus souvent mentionné. D'autres, sans doute plus pragmatiques, le formulent ainsi : « Le bonheur repose sur un bilan positif entre mauvais moments (déception, chagrin, soucis) et bons moments ». Je rencontre presque quotidiennement des personnes qui ont fait le choix de croire que le seul chemin possible pour trouver le bonheur, c'est l'absence de difficultés. Et il me faut faire ce triste constat : la plupart d'entre eux vivent avec une sourde révolte contre « le destin » ou « Dieu » ou toute forme d'autorité. Autrement dit, exiger l'absence de malheur est un chemin assuré vers la tristesse et la révolte, bref tout sauf la béatitude. Et inversement, vous connaissez comme moi, sans doute, des personnes rayonnantes de joie et pourtant accablées de souffrances. Fuir le malheur n'est manifestement pas LE chemin du bonheur.

Le bonheur est-il lié à la satisfaction des désirs ?

La satisfaction des désirs est un chemin à la mode vers le bonheur. « Si je n'ai  pas ce que je souhaite, je serai malheureux ». C'est en partie vrai, à condition de choisir avec attention nos désirs… Riches et pauvres n'ont pas forcément les mêmes inquiétudes ou frustrations, mais rien ne permet de dire que les premiers sont plus heureux que les seconds. J'ai été marqué, il y a quelques temps, lorsque la police a démantelé un important réseau de trafic d'héroïne. Le " cerveau " était un grand patron retraité, qui touchait la modeste somme de 2'000'000€ par an comme dividendes de ses anciennes entreprises. Il a affirmé aux enquêteurs que sa seule motivation était de mettre un peu de piment dans sa vie ennuyeuse.

Un philosophe, dont j'ai égaré le nom, a noté que la société occidentale a vécu un profond changement durant le XXème siècle : elle est passée de la recherche de la satisfaction des besoins à la recherche de la satisfaction des désirs. Pour lui, ce changement est la cause principale de l'augmentation dramatique des dépressions et des divorces. Nous n'avons pas besoin de chercher très loin dans notre entourage pour trouver des couples où un des conjoints « détruit » l'autre en exigeant d'elle ou de lui une garantie de bonheur ou en voulant satisfaire ses désirs ailleurs.

En passant, vous remarquerez qu'il y a une sorte d'incompatibilité logique à vouloir la satisfaction de ses désirs pour être heureux. Si nous étions pleinement satisfait, qu'aurions-nous encore à attendre ou à espérer ? Nous n'aurions sans doute d'autres choix que de sombrer dans la peur de perdre ce que l'on a et dans l'ennui de n'avoir plus rien à attendre de la vie. En quelque sorte, une forme d'insatisfaction est indispensable à notre bonheur.

Faut-il choisir entre utopie et réalisme ?

Étudiant, je pensais que le bonheur était sans cesse à ma portée, il suffisait simplement… de changer le monde. Puis, petit à petit, il m'a fallu apprendre à être plus réaliste et plus humble.

L'utopie (croire ou désirer un monde futur parfait) nous prive du bonheur en nous empêchant de rencontrer « vraiment » les autres, nous sommes toujours solitaires dans nos pensées. L'utopie nous prive aussi du bonheur parce qu'elle nous force à jouer au pendule entre notre monde mental et la réalité qui nous happe toujours à nouveau. Et plus nous nous familiarisons avec notre monde mental, plus la réalité nous paraît dure, et plus nous sommes tentés de lui échapper. Le bonheur implique de vivre dans la réalité, d'oser la confronter et d'apprendre à traverser les difficultés avec courage. « La vie est une course d'obstacle et la seule manière de la franchir, c'est de ne pas se révolter en vain ».

Le bonheur nécessite une vie dans la réalité, mais sans désespoir. Au contraire, il est lié à ce qu'on pourrait appeler simplement l'espérance. « Aucune vie sur terre ne serait possible sans espérance » (Hölderlin, " Hypérion "). Espérer c'est attendre de bonnes choses pour le futur, de bonnes choses « normalement accessibles ». L'espérance, c'est laisser notre futur illuminer notre présent, ou au moins nous donner une perspective plus large de ce que nous vivons maintenant.

Mais comment trouver l'espérance ? Dans les hommes ? Non. Il n'y a qu'à se voir soi-même et voir le monde. Dans la société ? Mais ce sont les hommes qui la font. Personnellement, apprendre à attendre concrètement une vie éternelle auprès de Dieu m'a conduit à jouir davantage des petits moments d'amitié présents. Je vis en effet mes moments de bonheur fugaces comme un avant-goût des relations d'amour parfaites et durables de l'au-delà, plutôt que simplement comme les pis-aller de relations espérés mais inaccessibles.

Recevoir le bonheur lorsqu'il vient à notre rencontre

« Au jour du bonheur, jouis du bonheur, et au jour du malheur, réfléchis », dit l'Ecclésiaste (ch.7 v.14). Le chemin proposé par la Bible est lié à ce que nous venons de voir : c'est l'encouragement à vivre dans le présent. Lorsque mes pensées s'accrochent en permanence à mes regrets du passé ou à mes craintes de l'avenir, je rate à coup sûr le chemin du bonheur présent. Lorsque mes pensées rêvent d'un idéal inaccessible, je risque de manquer le bonheur qui vient généralement sur la pointe des pieds. J'aimerais noter trois « bonnes » habitudes qui me semblent conduire au chemin du bonheur :

En premier lieu parce qu'il est bon d'être utile aux  autres et en second lieu, parce que lorsqu'on s'enferme sur soi-même, on s'éloigne du bonheur.

- Se décharger de nos inquiétudes, de notre culpabilité, de nos colères. Simplement parce qu'il est évident que toutes ces choses nous écartent du chemin du bonheur. On peut bien sûr faire « comme si », mais la méthode la plus sûre pour se remettre sur les rails du bonheur est de prendre au sérieux nos sentiments. Pour en faire quoi ? La meilleure méthode reste celle que nous propose la Bible : les présenter à Jésus dans la prière -parce qu'il veut prendre soin de nous (lire par ex. Évangile selon Matthieu ch.6 v.25 à 34), recevoir son pardon et pardonner à notre tour (lire par ex. Épître de Paul aux Colossiens ch.3 v12 à 15).

- Une certaine autodérision. On se prend souvent trop au sérieux. Et l'on prend souvent nos attentes trop au sérieux. Il est bon souvent de rire de nous-mêmes, de rire de nos illusions ou de nos coups de gueules mal placés : « Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de s'amuser ! ».

L'Ecclésiaste nous rappelle encore qu'une sage appréciation de l'incertitude de l'avenir rend le présent d'autant plus important (ch.11v.7-8). Le présent est, en effet, le seul moment qui nous appartienne. Demain est entre les mains de Dieu : nous ne savons ce qu'il apportera. Mais la parole du Christ : « Ne vous inquiétez pas du lendemain », ne signifie pas l'indifférence à l'égard du futur. Une telle tranquillité d'esprit n'est possible, au contraire, que dans la mesure où nous espérons vraiment l'avenir, en reconnaissant qu'il appartient à Dieu. Olivier Reber source: http://www.atoi2voir.com/atoi

Il en faut peu pour être heureux


Certains l'appellent « l'Ecclésiaste », d'autres « Qohéleth ». Ce livre de la Bible, connu pour son refrain désespérant « vanité des vanités », réserve plus d'une surprise.

Spontanément, ce n'est pas dans l'Ecclésiaste qu'on irait chercher le bonheur. Son goût pour les énigmes affligeantes et son insistance à rappeler que la mort attend l'être humain ne sont pas très engageants. Et pourtant, c'est certainement le livre de la Bible qui évoque le plus le bonheur, dans le sens commun du mot et sans le dénigrer.

La trame déconcertante du livre est le reflet de notre existence. Le bonheur y intervient comme un refrain, ou plutôt un motif en contrepoint. Il est en contraste avec les constats décevants que l'auteur accumule sur le travail, la politique, la sagesse, et jusqu'à la piété elle-même.

Par trois fois, le refrain apparaît, timidement, mais avec une certaine insistance : « Il n'y a rien de mieux pour l'être humain que de manger, de boire et jouir de la vie au milieu de son travail » (1). À la quatrième reprise, l'auteur s'enhardit : « C'est une chose belle et bonne pour l'être humain… » (2). À la reprise suivante, on en revient à la formule modeste : « Il n'y a rien de mieux… » (3), mais c'est pour mieux ménager la surprise de la réapparition du chapitre suivant où le refrain se fait positif, insistant, entraînant : « Va, mange avec joie ton pain et bois d'un cœur content ton vin car depuis longtemps Dieu prend plaisir à tout ce que tu fais » (4) et le refrain s'amplifie évoquant le vêtement, le parfum, la femme aimée (5).

À la septième et dernière reprise, c'est au jeune que s'adresse le sage : « réjouis-toi… livre ton cœur à la joie… marche dans les voies de ton cœur… bannis de ton cœur le chagrin… » (6).

L'énigme du bonheur
Ce refrain si insistant, et qui pourtant débouche inexorablement sur l'évocation poétique de la vieillesse et de la mort (7), n'est pas aisé à situer dans le cadre du livre lui-même et plus largement du message biblique. Ce n'est pas une invitation à poursuivre le bonheur, il est reçu sans être recherché. C'est un bonheur modeste, fait de petites satisfactions quotidiennes et ordinaires. Il est accordé au milieu de la peine, comme un don de Dieu qu'on ne peut ni escompter ni mériter. Il ne permet d'échapper ni aux devoirs des humains, ni aux déceptions de l'existence, ni surtout à la mort. C'est en fait un lot de consolation mystérieux que Dieu accorde aux humains au milieu de leur existence déconcertante.

Ne comptons pas sur l'auteur pour nous dire quel peut être le sens de cette attention divine. Le post-scriptum nous invite à chercher ailleurs : « crains Dieu » (8), et seul le reste de la Bible nous donnera la clef de l'énigme, en nous révélant que Dieu nous aime, nous appelle au salut par la foi en Jésus-Christ. Le bonheur évoqué par l'Ecclésiaste ne serait-il pas un signe discret de sa part pour nous inciter à croire en lui ?   Émile Nicole

1. Ecclésiaste 2.24 et, avec quelques variantes : 3.12-14 ; 3.22
2. Ecclésiaste 5.18
3. Ecclésiaste 8.15
4. Ecclésiaste 9.7
5. Ecclésiaste 9.8-9
6. Ecclésiaste 11.9-10
7. Ecclésiaste 12.1-7
8. Ecclésiaste 12.13

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